Portraits d'Anatoliens

20 Avril 2010, 11:11
Portraits d'Anatoliens

Je viens de terminer une année de compagnonnage artistique avec la ville de Trappes et plus précisément avec la médiathèque Anatole France. Il y a quelques jours, j'ai récupéré la dernière exposition Sensualité qui habitait les lieux pour le festival Regards de Femmes...

 

 

 

En passant à la médiathèque, j'en profites pour prendre en photo un autre travail que j'ai fait durant cette année. Une grande mosaïque de portraits (4m sur 1m40) qui orne le patio. Elle va y rester quelques bonnes années, elle représente la vie de la médiathèque, elle est un témoignage. La construction de la mosaïque a été longue et minutieuse. En tant qu'autodidacte, j'ai encore appris de nouvelles techniques. Je suis heureuse et touchée qu'ils m'aient demandé de la faire, qu'ils m'aient fait confiance. J'ai pu être témoin du travail de proximité mis en place avec les habitants de Trappes.

 

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J'avais écrit un texte pour présenter les séances aux habitants :

'S'oublier un peu pour offrir au photographe un morceau de soi. Déclencher au moment de l'absence, autour de l'improvisation et de la spontanéité, Savoir se laisser surprendre. Le portrait est avant tout une rencontre, une douceur, un instant partagé.'

Cela s'est produit. La rencontre. Même sur un court instant, parfois 1/10 de secondes suffisent pour provoquer le partage. Ils ont joué le jeu, ils ont eu confiance, ce sont livrés et on fait parler l'appareil photo.

Il y a une histoire derrière chaque portrait, une anecdote. Il suffit de vouloir prendre son temps et son espace, il suffit de bien vouloir offrir son temps et son espace. C'est ce que le photographe et le sujet s'accordent à faire, un consentement mutuel, un pacte, un regard qui les lie...

Voici quelques unes de ces histoires:

 

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Chantal: 'J'aime les enfants. On entend tellement d'histoires où on leur fait du mal. Ça me rend triste. J'aime tous les enfants.'
J'ai photographié Chantal en premier, elle était timide, ne voulait pas poser seule. J'ai donc commencé à la prendre avec ceux qu'elle connaissait, et puis on discute simplement. Il y a du courage et de la douceur dans son regard. Elle choisi un livre, elle me parle, elle est seule, je la prend en photo. Elle ne s'est même pas rendu compte, elle était à l'aise: 'Ça y est, c'est fini ?'

 

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Amelie : On a envie de la prendre dans ses bras, elle vous parle d'une voix douce, on a l'impression qu'elle partage à chaque fois un secret avec vous. Elle pose près de son totem. Elle vous prend la main et vous dit merci, elle a l'air heureuse et sereine. Toujours souriante.

 

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Djibril: Il n'a pas voulu que je le prenne en photo quand Fred lui a demandé, puis il s'est mis à nous suivre, à passer devant nous avec des objets. Il s'est approché, nous a montré l'ascenseur, il avait maintenant envie. Il a, en plus, eu une belle idée. Dans l'ascenseur, les couleurs étaient belles, son visage se détachait, son beau sourire aussi. Au moment de créer la mosaïque, j'apprends que son père refuse qu'il y soit, je me dis, c'est trop bête, il est venu de lui même poser. Il va être déçu. Il était tellement touchant. Heureusement, une photo peut être utilisée, on ne le voit pas, mais ceux qui était là et Djibril lui-même sait que c'est sa petite tête malicieuse qui se cache derrière...

 

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Lydia: Elle écrit des haïkus, elle m'a lu des poèmes. Je ne savais pas que quelques mois après, je partirai pour le Japon et y rencontrerai un poète, qui me laissera sa trace. Je ne savais pas qu'à mon retour Lydia m'avait écrit un haïku pour mon exposition Sensualité:

Pour Aïssatou, un petit haïku sensuel, en clin d'œil...

Océan si froid -
la caresse de l'algue
entre mes cuisses

Lydia P

 

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Madina: C'est sans commentaire, juste envie d'y être, d'y retourner, remuer les pieds et bailler son enfance.

 

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Mr Bêtise: Dès que je suis rentrée dans la pièce, il courait partout en criant: je veux faire des bêtises, je veux faire des bêtises! Il me faisait rire et je ne voyais pas comment il allait se calmer. Sa mère aidant, il a choisi un livre, nous a raconté un peu l'histoire, s'est assis avec son petit air fripon.

J'aurais envie de vous parler de tout le monde, un photographe n'oublie jamais les visages qu'il a pris. C'est d'ailleurs assez étrange comme sensation, une palette d'être humain sont dans votre mémoire, de rencontres furtives à des liens prolongés qui se créent, heureusement qu'ils sont là, dans des moments de doute je repense à eux.

Lire l'article sur le site de St Quentin

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